Le Maire de Codolet destitué puis condamné à mort sous la Révolution

Publié le par Fabrice

Quelle surprise quand on se plonge dans l'histoire de son village.

Parcourant les archives glanées ça et là, je découvre que pendant la Révolution Française, sous la Grande Terreur, l'homme et la chose ont put destituer et condamner le Maire du village.

Mais aussi, que figurent dans la liste des maire et officiers municipaux conservés ou élu  par le représentant désigné par la convention nationale: 6 personnages.

Lesquels sont tous nos aïeux et sans lesquels nous ne serions pas là !

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Pendant la Révolution Française, en 1793 et 1794, la Convention pour veiller au maintien de l'ordre et à l'application des lois dans les départements désignait et envoyait un représentant de l'Assemblée législative en mission extraordinaire.

Si tels inspecteurs existaient déjà sous l'Ancien régime, ils furent systématisés sous la période de la Terreur et dotés de tous les pouvoirs.

A la pendaison et au supplice de la roue, succéda la mise en action de la machine, non pas inventée, mais perfectionnée par le docteur Guillotin.
 

Elle fonctionna à Nimes pour la première fois vers la fin du mois de septembre 1792. Dans les départements du Gard, de l'Hérault, de la Lozère et de Vaucluse, dès les derniers mois de 1793, les condamnations à mort pour faits politiques se succédérent avec rapidité.
Pour le service des quatre départements, il paraît qu'il n'y avait qu'un seul bourreau et une seule machine; aussi l'homme et la chose étaient-ils parfois attendus avec impatience et réclamés avec l'instance la plus vive.

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Rapport de J.BORIE, député de la Corrèze.

Secrétaire de la Convention Nationale.

 

Rapport de sa mission dans les départements du Gard, la Lozère, la Haute-Loire. Imprimé par ordre de la Convention Nationale.

Nommé pour épurer les autorités constituées du Gard et de la Lozère, investi des pouvoirs nécessaires à la répression des abus, chargé de déjouer les complots des malveillants qui cherchaient à troubler l'ordre dans la haute-Loire et le Cantal, je dois, en rentrant à la Convention, un compte exact de mes travaux.

 

Je vais satisfaire à cette obligation...

M'occupant de l'organisation du gouvernement révolutionnaire, je ne tardai pas à m' apercevoir de grandes difficultés.
 

Nîmes fut, l'année dernière, le point central de réunion des fédéralistes dans le midi.

Une assemblée dite «  Représentative du Gard », y fut convoquée, et les députés des communes du département se réunirent et reçurent dans leur assemblée les envoyés de Bordeaux, de Marseille et de Lyon.

On forma un prétendu comité de salut public; et cette assemblée, qui avait aussi un soit disant pouvoir exécutif s'empara de tous les pouvoirs; elle requit une force armée de tous les districts du Gard, pour marcher au Pont St-Esprit contre l'armée de la République, commandée par Cartaux; elle disposa des fonds publics pour solder cette force armée; elle cassa, dans sa séance du 23 Juin, les arrêtés des représentants du peuple envoyé dans le Gard par la Convention Nationale …

Plusieurs pièces établissant ces faits me furent remises et j'ai reconnu ensuite que la plupart des membres exerçaient des fonctions publiques; les uns étaient administrateurs du département et des districts, les autres maires, officiers municipaux, agents des communes, juges de paix, etc.

Je les ai destitués, et les agents nationaux des districts ont dû faire exécuter, à leur égard, la loi du 17 Septembre.
 

Ces pièces seront imprimées, elles ont servi de base à l'épuration des corps constitués.

Ne connaissant personne dans le Gard, c'est aux sociétés populaires des chef-lieux du districts, ou je me suis successivement rendu, que j'ai demandé des renseignement sur la conduite, la moralité et les qualités civiques des fonctionnaires publics.

M'a-t-on présenté quelques sujet a élire?

C'est dans le local des sociétés, ou j'ai convoqué le peuple que j'ai fait discuter les sujets présentés; c'est là que je devais m'éclairer; c'est là seul que je pouvais connaître la vérité par la discution, et c'est aussi constamment d'après l'opinion recueillie dans ces assemblées publiques, et la liste proposée par les sociétés, que j'ai fait mon travail dans chaque département.

Ce travail sera imprimé...

N'ayant pu me rendre dans toutes les communes des campagnes, j'y ai envoyé des agents; et, après avoir fait mon travail sur les notes et les renseignements qu'ils m'ont donnés, j'ai, quelque temps après, révisé et clos les épurations du Gard, de concert avec les agents nationaux des districts: je les avais précédemment chargés de prendre tous les renseignements qu'ils croiraient utiles, et de me proposer les changements nécessaires au bien public: ils ont signé mes procès-verbaux.

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J'ai ainsi pris toutes les précautions qui étaient en mon pouvoir, pour éloigner des fonctions publiques, non-seulement les fédéralistes, mais encore les ex-nobles, les prêtres, les jeunes gens de la première réquisition et régénérer les autorités par des citoyens, dont le patriotisme, le désintéressement, la probité et l'attachement aux intérêts du peuple, aient été constamment le mobile de leurs actions.

 

Municipalité de Codolet

 

Jacques CHABERT, Maire, 

élu à la place d' André TAILLAN,

destitué comme ayant été député à l' assemblée dite Représentative du Gard.

 

Officiers Municipaux conservés:

 

Michel CLAUZEL, cordonnier

 

François SAUT, boulanger

 

François MAURIN, cultivateur

 

Joseph CORNALLIER, cultivateur

 

Guillaume BERNE, cultivateur

 

Agent national, conservé:

 

Michel LABALME, cultivateur,

 

Fait à Nîmes, le 12 Germinal, l'an second de la République une et indivisible.

( Mardi 1er Avril 1794)
Signé, BORIE.


Publié dans Histoire de Codolet

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